Événement du Festival de Cannes et de celui du nouveau cinéma et des nouveaux médias de Montréal en 2002, Ararat, du réalisateur canadien d’origine arménienne Atom Egoyan, pose un regard troublant sur l’un des moments les plus oubliés de l’Histoire : le génocide des Arméniens, mené par les Turcs en 1915.

C’est à travers les histoires d’un réalisateur qui veut en tirer un film, d’une historienne de l’art, d’une jeune femme qui tente de comprendre le suicide de son père et d’un jeune homme qui refuse d’oublier ses racines qu’Egoyan a choisi d’évoquer ce massacre, en les reliant par deux points communs : l’Arménie et le poids de l’Histoire.

Egoyan fait preuve de beaucoup de courage en prenant vivement position sur un sujet aussi délicat diplomatiquement (au moment de la sortie du film, seule la France avait reconnu l’existence du génocide arménien). Même si l’enchevêtrement des récits est parfois un peu confus, ce film propose une réflexion passionnante sur les questions de mémoire et d’héritage. Soutenu par une distribution pour le moins hétéroclite et internationale (Charles Aznavour, Marie-Josée Croze et Christopher Plummer) et par une réalisation tout en finesse, Araratest un film dur, souvent poignant, un témoignage sincère et direct qui vient droit du cœur de son réalisateur.