Le premier essai d’Alejandro Gonzales Inarritu, Amores Perros, s’étant révélé un coup de maître, il était tout naturel de retrouver ce jeune réalisateur mexicain à la barre d’un projet américain d’envergure : 21 Grams.

Que peuvent avoir en commun Paul, atteint d’une maladie fatale et en attente d’une grèffe cardiaque ; Cristina, dont la vie sans vagues est bouleversée lorsque son mari et ses deux enfants meurent dans un accident ; et Jack, repris de justice croyant fermement en Jésus ? Les voies du destin sont impénétrables…

Du titre du film, on ne comprendra qu’une chose : nous perdons 21 grammes au moment de notre mort. De cette constatation, Inarritu tire un film où il dissèque la vie elle-même dans ce qu’elle peut avoir de plus tortueux, de plus décourageant, de plus abject. Véritable expérience de cinéma, son film entremêle les temps et les histoires, à l’aide de flash-back et flash-forward déstabilisants, baignés dans un éclairage très cru, souvent surexposé. Les trois univers s’entrechoquent, chacun porté par un acteur exceptionnel : Naomi Watts au meilleur de sa forme, le charismatique Benicio Del Toro et le toujours impeccable Sean Penn, prix d’interprétation à Venise pour ce rôle. Violent, âpre et sombre, 21 Grams est un film qui ne se laisse pas aborder facilement mais qui confirme le talent d’un cinéaste et de son scénariste, Guillermo Arriaga. – Helen Faradji.